Développement touristique et durabilité : comment les territoires peuvent allier performance et respect de l’environnement

Introduction

Le secteur du tourisme est un moteur économique majeur pour de nombreux territoires : il représente environ 10 % du PIB mondial et un emploi sur dix dans le monde. Cependant, son essor s’accompagne d’un coût environnemental élevé : le tourisme génère environ 8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Les collectivités territoriales et les acteurs du tourisme font donc face à un défi essentiel : développer l’attractivité et la performance touristique de leur territoire tout en préservant l’environnement et la qualité de vie locale. Dans ce contexte, adopter une stratégie de développement touristique durable n’est plus une option, mais une nécessité pour concilier croissance économique et respect de l’écosystème.

Afin d’être à la fois accessible et engageant, cet article propose des chiffres-clés, des conseils pratiques et des exemples concrets pour aider les décideurs locaux, professionnels du tourisme et investisseurs à allier performance et durabilité dans leurs projets de territoire.

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Chiffres-clés : tourisme et développement durable

Ces quelques chiffres illustrent à la fois l’importance du tourisme pour nos économies et l’urgence d’intégrer le développement durable dans ce secteur. Les voyageurs sont d’ailleurs de plus en plus sensibles à ces enjeux : selon une étude Booking.com, 73 % des voyageurs internationaux envisagent de séjourner au moins une fois dans un hébergement éco-responsable.

Pour les territoires, c’est autant une obligation (face aux changements climatiques) qu’une opportunité d’innover pour se différencier et attirer une clientèle en quête de sens.

% du PIB mondial provient de l’industrie touristique

% des émissions de gaz à effet de serre sont dues au tourisme

% des Français souhaitent des solutions durables pour le tourisme

% du territoire n’accueille qu’une minorité de touristes

Performance touristique et respect de l’environnement : un équilibre indispensable

Pour un territoire, allier attractivité et respect de l’environnement permet d’assurer une prospérité sur le long terme. En effet, les richesses naturelles et culturelles font souvent l’attrait principal d’une destination ; les dégrader reviendrait à scier la branche sur laquelle repose l’économie touristique locale. À l’inverse, protéger ces ressources (patrimoines naturels, paysages, biodiversité, identité locale) renforce l’authenticité de l’expérience visiteur et la satisfaction des touristes tout en préservant la qualité de vie des habitants.

De plus, une destination engagée dans le tourisme durable renforce son image de marque et son attractivité. Communiquer sur des initiatives écoresponsables (mobilité douce, réduction des déchets, énergies renouvelables dans les hébergements, etc.) peut convaincre une clientèle de plus en plus soucieuse de son empreinte écologique. Cela peut également susciter l’adhésion des riverains aux projets touristiques : s’ils voient que le développement économique local se fait dans le respect de l’environnement et de la culture locale, ils seront davantage enclins à soutenir les initiatives. Enfin, de nombreux financeurs et investisseurs intègrent désormais des critères ESG (Environnement, Social, Gouvernance) dans leurs choix : un projet touristique durable aura plus de chances d’attirer des partenaires et des fonds sur le long terme.

Vers une stratégie de développement touristique durable

Bâtir une stratégie durable demande de la méthode et une vision à long terme. Il s’agit d’intégrer la dimension environnementale et sociétale dans chaque étape du développement touristique du territoire. Pour guider les collectivités, il existe des cabinets de conseil en développement touristique spécialisés qui peuvent accompagner cette transition et aider à définir un plan d’action sur mesure.

Voici 5 conseils clés pour un développement touristique durable réussi :

1 – Planifier avec un diagnostic précis – Avant de lancer un nouveau projet, commencez par étudier le potentiel d’une zone d’activités ou d’un bien et réaliser un diagnostic territorial. Inventoriez les ressources naturelles et culturelles, évaluez la capacité de charge écologique (flux de visiteurs supportables sans dégradation) et identifiez les attentes de la population locale. Cette étape initiale évitera de surestimer les capacités d’accueil ou de créer des infrastructures surdimensionnées.

2 – Intégrer la durabilité dans la stratégie – Dès la phase d’élaboration de votre stratégie de développement touristique, fixez-vous des objectifs environnementaux et sociaux clairs. Par exemple : réduire de X % les émissions de CO₂ liées au tourisme d’ici 5 ans, atteindre un certain label vert (Pavillon Bleu, Flocon Vert, Green Key…), ou encore impliquer X % d’acteurs locaux dans la gouvernance touristique. Ces objectifs doivent être mesurables pour suivre les progrès.

3 – Impliquer les acteurs locaux – Associez dès le départ les résidants, entrepreneurs, associations et offices de tourisme à la démarche. Des comités de pilotage participatifs permettent de prendre en compte les inquiétudes et idées de chacun, et de favoriser l’acceptation des projets. Par exemple, soutenir l’économie locale en intégrant des circuits courts (producteurs locaux pour la restauration touristique) ou en valorisant le patrimoine culturel vivant garantit des retombées positives pour la population et renforce l’authenticité de l’offre touristique.

4 – Investir dans des solutions écoresponsables – Optez pour des infrastructures et services à faible impact : transport doux (réseaux de navettes électriques, pistes cyclables, randonnées à thème sans voiture), éco-conception des bâtiments touristiques (matériaux locaux, énergie solaire, gestion de l’eau), gestion des déchets avec tri sélectif sur les sites touristiques, etc. Ces investissements peuvent bénéficier d’aides publiques (subventions à la transition écologique) et attirent une clientèle prête à payer un peu plus pour une expérience responsable.

5 – Mesurer et ajuster la performance – Mettez en place des indicateurs de suivi intégrant la durabilité. Au-delà du nombre de visiteurs ou des recettes, suivez par exemple les émissions de CO₂ du secteur, la consommation d’eau et d’énergie par nuitée touristique, le taux de satisfaction des habitants, ou les retombées économiques locales. Des outils existent pour aider à mesurer la performance touristique durable (par exemple, le réseau Acteurs du Tourisme Durable propose 10 indicateurs clés couvrant les volets économique, social et environnemental ). En évaluant régulièrement ces données, vous pourrez ajuster votre stratégie et corriger ce qui fonctionne moins bien.

En appliquant ces conseils, les territoires peuvent progressivement construire un modèle touristique plus résilient et vertueux. Par ailleurs, se faire accompagner par un expert ou un cabinet de conseil en développement touristique peut être judicieux pour bénéficier d’un regard extérieur et de l’expérience d’autres destinations.

Attirer des investissements et financer le tourisme durable

Un défi clé pour les collectivités est de mobiliser des ressources pour mettre en œuvre ces initiatives. L’intégration de la durabilité peut justement devenir un atout pour attirer des investisseurs touristiques. En mettant en avant le potentiel de projets écoresponsables (hébergements verts, écotourisme, valorisation de friches en sites de loisirs durables, etc.), un territoire démontre sa capacité à innover et à répondre aux tendances du marché. Les investisseurs, qu’ils soient des chaînes hôtelières, des start-up du tourisme ou des fonds d’investissement à impact, seront sensibles aux garanties de durabilité et au soutien affiché par les acteurs publics locaux.

Il est donc important de marketer ses projets sous l’angle durable : par exemple, présenter une nouvelle base de loisirs comme un éco-parc valorisant la biodiversité, ou un programme hôtelier comme un futur bâtiment à énergie positive intégré à son paysage. En parallèle, les outils de financement innovants (fonds verts, partenariats public-privé, financement participatif citoyen pour des équipements partagés) peuvent être mobilisés. N’hésitez pas à valoriser les dispositifs nationaux ou européens de soutien au tourisme durable, ainsi qu’à attirer des investisseurs touristiques en communiquant sur la vision à long terme et les retombées locales positives de vos projets.

Exemples de territoires conciliant attractivité et durabilité

La station des Rousses (Jura), une montagne durable – Située dans le Parc naturel régional du Haut-Jura, la station des Rousses est la première station française labellisée Flocon Vert (dès 2013) pour ses initiatives en faveur du développement durable. Concrètement, elle a diversifié son offre au-delà du ski hivernal en proposant un tourisme quatre-saisons (randonnée, VTT, golf, etc.), de sorte à déconcentrer la fréquentation et valoriser le territoire toute l’année. La station a également mis en place un système de management environnemental (certification ISO 14001) visant à réduire son impact écologique : formation du personnel, énergie renouvelable, sensibilisation des visiteurs à la protection de la montagne…

Résultat : Les Rousses restent attractives pour les touristes tout en servant d’exemple de bonne gouvernance environnementale pour d’autres stations.

Conclusion

Le développement touristique durable est un enjeu stratégique pour les territoires désirant conjuguer performance économique et respect de l’environnement. Comme nous l’avons vu, il ne s’agit pas de freiner l’attractivité, mais de la repenser intelligemment : mieux répartir les flux, protéger les atouts naturels et culturels, innover dans les modes de consommation touristique et impliquer toutes les parties prenantes. Les collectivités locales ont tout à y gagner : un tourisme plus soutenable, c’est aussi plus de qualité pour les visiteurs, plus d’adhésion locale et une image positive qui attire à la fois les voyageurs et les investisseurs.

En s’appuyant sur des conseils en développement touristique, en établissant une feuille de route claire et en s’inspirant des bonnes pratiques d’ailleurs, chaque territoire peut tracer sa voie vers un tourisme durable, synonyme de prospérité partagée et d’avenir préservé.

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